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Publié le

July 15, 2025

Canicule et urbanisme : comment les espaces verts redeviennent essentiels à Rouen

Paul

Assistant de direction

Comment Rouen lutte contre la chaleur grâce à ses nouveaux quartiers verts

I. Pourquoi les villes suffoquent : l’effet d’îlot de chaleur urbain

A) Une concentration minérale qui aggrave les températures

Avec la montée des températures estivales, les villes deviennent de véritables pièges à chaleur. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain en est l’une des principales causes. En clair, les surfaces minérales — bitume, béton, toitures sombres — absorbent la chaleur pendant la journée, puis la restituent lentement la nuit, empêchant le rafraîchissement naturel. Cette dynamique transforme certains quartiers en fournaises nocturnes, où la température peut dépasser de 3 à 7 °C celle des zones rurales voisines.

Rouen, comme de nombreuses villes françaises, est concernée par cette problématique. Son tissu urbain dense, son relief encaissé autour de la Seine et la faible part de végétation en cœur de ville aggravent la sensation d’étouffement lors des épisodes de canicule. Les rues étroites et fortement minéralisées de certains quartiers concentrent la chaleur au lieu de la disperser.

B) L’impact sur la santé, les logements et la qualité de vie

Ce phénomène n’est pas qu’une question de confort thermique : il représente un véritable enjeu de santé publique. Lors des pics de chaleur, les personnes les plus fragiles — personnes âgées, enfants en bas âge, malades chroniques — sont particulièrement exposées aux risques de déshydratation, de coup de chaleur, voire de décès prématuré. Les logements mal isolés, situés dans des zones peu ventilées ou exposées plein sud, deviennent invivables.

À Rouen, les logements sociaux ou anciens, souvent peu rénovés, subissent fortement cet effet. Dans certains immeubles, les températures intérieures peuvent dépasser 30 °C même la nuit, rendant le sommeil difficile et accentuant la fatigue. L’effet cumulé d’un environnement urbain mal adapté et d’une vague de chaleur peut aussi entraîner une baisse de la fréquentation des espaces publics, une surconsommation d’énergie liée à la climatisation, ou encore une montée des tensions sociales en période estivale.

C) Le cas de Rouen : zones les plus exposées à la surchauffe

Les dernières cartes de l’ADEME et les études de l’Observatoire des îlots de chaleur montrent que certains quartiers de Rouen sont particulièrement vulnérables. C’est notamment le cas du centre-ville, des quartiers autour de la gare, du Mont-Riboudet ou encore de certaines portions de la rive gauche, où la végétation est rare et les sols fortement imperméabilisés.

À l’inverse, les zones bordées d’espaces naturels ou dotées d’un maillage d’arbres (comme autour du Jardin des Plantes ou du parc Grammont) affichent des températures plus modérées, même lors des fortes chaleurs. Ce contraste met en lumière un enjeu urbanistique central : la présence de végétation est un facteur déterminant pour réguler naturellement le climat urbain.

Dans un contexte où les canicules deviennent plus fréquentes, plus longues et plus intenses, les villes doivent impérativement revoir leurs modèles d’aménagement. Et Rouen n’échappe pas à la règle : comprendre l’effet d’îlot de chaleur, c’est déjà commencer à construire une ville plus habitable.

II. Espaces verts, la solution climatique sous-estimée

A) Rafraîchir naturellement : arbres, sols perméables et végétation dense

Face aux températures extrêmes, la végétation reste le moyen le plus simple et le plus efficace pour rafraîchir l’environnement urbain. Ce que l’on appelle « infrastructures vertes » (arbres, prairies, jardins, toitures végétalisées…) joue un rôle essentiel dans la régulation thermique. D’abord parce qu’un arbre peut faire baisser la température ambiante de 2 à 4 °C grâce à l’ombre qu’il génère et à l’évapotranspiration de ses feuilles. Ensuite, parce que les sols végétalisés absorbent l’eau de pluie, évitent les ruissellements et stockent l’humidité, ce qui contribue au maintien d’un air plus frais.

Dans une ville comme Rouen, où les zones très minéralisées sont encore nombreuses, la végétation constitue une arme de résilience locale, immédiate et peu coûteuse à long terme. Chaque mètre carré de verdure est un régulateur de chaleur et un filtre à particules.

B) Biodiversité et microclimat : des bénéfices durables

Au-delà de la simple température, les espaces verts contribuent à créer des microclimats locaux plus vivables, en brisant le vent, en humidifiant l’air, et en absorbant une partie des polluants. Ils jouent aussi un rôle dans la biodiversité, en servant d’habitats à une faune urbaine précieuse : insectes pollinisateurs, oiseaux, petits mammifères…

Ces effets ne sont pas anecdotiques. Un parc bien intégré dans un quartier agit comme une zone tampon, qui améliore l’ensemble du secteur alentour. Les rues bordées d’arbres, les cours d’école végétalisées, ou les toitures recouvertes de substrats vivants créent un environnement thermique plus stable. Et cela se ressent autant sur le confort que sur la santé des habitants.

En période de canicule, ces zones deviennent également des refuges climatiques, utilisés spontanément par la population : pour marcher à l’ombre, pour laisser jouer les enfants, pour trouver un peu de fraîcheur. L’espace vert devient un lieu de vie et de respiration collective.

C) Repenser la ville à l’échelle du quartier : des exemples concrets

Pour que les espaces verts jouent pleinement leur rôle, il faut les penser non pas comme des décorations, mais comme des infrastructures climatiques à part entière. Cela implique de les répartir de façon stratégique, de les connecter entre eux (trames vertes), et surtout de les implanter là où ils auront le plus d’impact.

Rouen commence à intégrer cette logique dans ses projets urbains, notamment via les réaménagements de quartiers comme Luciline, les quais de Seine ou encore le futur quartier Flaubert. Mais des initiatives plus ponctuelles, comme la végétalisation de cours d’école ou la désimperméabilisation de parkings, contribuent elles aussi à cette dynamique.

À l’échelle individuelle, les bailleurs, copropriétés ou investisseurs peuvent eux aussi s’inscrire dans ce mouvement en intégrant plus de végétalisation dans leurs projets : jardins partagés, façades vertes, arbres en pleine terre plutôt que bacs décoratifs…

Face à une urgence climatique de plus en plus tangible, la végétation devient un levier structurant pour construire des villes plus fraîches, plus saines, et plus désirables. Et à Rouen, ce chantier est plus que jamais d’actualité.

III. Écoquartier Flaubert : un exemple de réponse à la canicule à Rouen

A) Le projet Flaubert : ambitions environnementales et adaptation climatique

Situé sur la rive gauche de Rouen, à proximité des quais de Seine et de l’ancienne friche portuaire, l’écoquartier Flaubert est l’un des projets les plus emblématiques de la transition urbaine rouennaise. Conçu comme un modèle de ville durable, ce quartier vise à répondre aux enjeux de densité, de mixité… mais surtout de résilience climatique.

Dès la phase de conception, l’adaptation aux vagues de chaleur a été intégrée comme un axe structurant du projet. Ce n’est pas un simple quartier “agréable à vivre”, mais un morceau de ville pensé pour résister aux effets du réchauffement. Le cahier des charges intègre donc des exigences fortes en matière de végétalisation, de perméabilité des sols, d’orientation des bâtiments et de matériaux utilisés.

Le but est clair : créer un quartier dense sans reproduire les erreurs de l’urbanisme minéral du passé.

B) Les solutions concrètes intégrées : végétalisation, gestion de l’eau, matériaux

Sur le terrain, plusieurs choix traduisent cette volonté d’adaptation. D’abord, l’intégration massive de la végétation : des arbres de haute tige plantés dès les premières phases, des toitures végétalisées sur les bâtiments collectifs, des venelles piétonnes ombragées, et une trame verte continue pour favoriser la fraîcheur et la biodiversité.

Ensuite, une attention particulière a été portée à la gestion de l’eau : récupération des eaux pluviales, infiltration sur site, bassins de rétention paysagers. Ces dispositifs limitent les risques d’inondation tout en contribuant à l’humidité ambiante, qui permet un meilleur rafraîchissement des sols.

Enfin, le choix des matériaux privilégie ceux qui réfléchissent la chaleur (toitures claires, revêtements perméables), réduisant l’absorption thermique. L’orientation des bâtiments vise également à optimiser la ventilation naturelle et limiter les surchauffes estivales dans les logements.

Ces solutions ne sont pas anecdotiques : elles traduisent une approche systémique du confort d’été, pensée à l’échelle du quartier, bien au-delà du seul bâtiment.

C) Ce que Flaubert dit de l’avenir de l’urbanisme rouennais

L’écoquartier Flaubert n’est pas une simple vitrine environnementale : c’est un laboratoire d’idées pour la ville de demain. Il montre comment un projet urbain peut intégrer des réponses concrètes à la canicule, sans renoncer à la densité ni à l’esthétique architecturale.

Ce modèle a vocation à inspirer d’autres opérations à Rouen. On en retrouve déjà les principes dans les projets autour de la presqu’île Rollet ou de la ZAC Luciline. Le message est clair : il ne s’agit plus d’ajouter quelques plantes après coup, mais de concevoir la ville comme un écosystème résilient.

Le défi est immense. Mais Flaubert envoie un signal fort : la lutte contre les îlots de chaleur n’est plus un supplément d’âme. C’est un impératif urbain, un critère de qualité de vie, et un argument de plus pour les habitants, les investisseurs, et les élus.

IV. Vers une ville plus fraîche et plus vivable : quelle stratégie à Rouen ?

A) Changer les règles d’aménagement à l’échelle locale

Si la végétalisation des villes devient une évidence face à l’urgence climatique, sa mise en œuvre passe avant tout par des choix politiques et réglementaires. À Rouen comme ailleurs, cela suppose de réviser les règles d’urbanisme, notamment dans les PLU (plans locaux d’urbanisme) ou les cahiers des charges des nouvelles opérations.

Concrètement, cela signifie imposer un minimum de pleine terre, limiter l’artificialisation des sols, ou encore conditionner certaines constructions à la plantation d’arbres en pleine terre. Ce sont des leviers puissants pour structurer la ville de demain.

En parallèle, l’ouverture de friches urbaines à des usages végétalisés ou temporaires peut aussi contribuer à oxygéner certains quartiers. Le foncier en attente, souvent vu comme un frein, devient alors un réservoir de fraîcheur potentiel.

La collectivité doit aussi donner l’exemple dans ses propres projets : écoles, crèches, parkings publics, voiries… Chaque mètre carré peut être réimaginé avec une logique climatique, pas simplement fonctionnelle.

B) Inciter les promoteurs à végétaliser et désimperméabiliser

Au-delà des règles, il faut aussi inciter les acteurs privés à jouer le jeu. C’est d’autant plus crucial que la majorité des constructions urbaines sont portées par des promoteurs, bailleurs ou investisseurs.

Cela peut passer par des bonus constructifs pour les projets qui dépassent les obligations réglementaires (toitures végétalisées, récupération des eaux pluviales, biodiversité intégrée), ou encore par des aides financières à la désimperméabilisation des sols en cas de rénovation lourde.

Il s’agit de transformer la contrainte climatique en valeur ajoutée immobilière. Un logement bien conçu thermiquement, dans un quartier frais et végétalisé, sera naturellement plus attractif. À long terme, ce type de projet sera aussi plus résilient sur le plan économique.

Certains opérateurs commencent déjà à intégrer cette vision à Rouen, notamment dans les projets mixtes (logement, commerce, tertiaire) qui veulent séduire une population plus jeune, plus mobile, plus sensible à la qualité de l’environnement immédiat.

C) Habiter autrement pour mieux vivre les étés à venir

Enfin, la transformation de la ville passe aussi par une évolution des usages. Il ne suffit pas de planter des arbres : il faut permettre aux habitants de s’approprier les nouveaux espaces végétalisés, de les fréquenter, de les entretenir parfois.

Cela suppose une forme de pédagogie urbaine : expliquer les bénéfices d’une cour d’immeuble végétalisée, d’un trottoir perméable ou d’un toit vert. Cela suppose aussi d’intégrer la question climatique dans les politiques de logement, en favorisant par exemple l’accès à des logements traversants, bien ventilés, ou ombragés naturellement.

Les bailleurs sociaux peuvent jouer un rôle moteur dans cette transformation, tout comme les copropriétés qui rénovent. Les habitants eux-mêmes deviennent alors des acteurs de la résilience climatique : ils choisissent mieux, investissent différemment, et valorisent des critères autrefois secondaires, comme l’ombre d’un arbre ou la présence d’un jardin partagé.

À Rouen, où la mutation urbaine est en cours, l’été devient un révélateur. Il montre où la ville étouffe… et où elle respire encore. Construire des espaces vivables en 2030 commence aujourd’hui. Et la fraîcheur pourrait bien devenir la nouvelle valeur refuge de l’immobilier urbain.

Face aux vagues de chaleur de plus en plus intenses, Rouen repense sa manière de construire la ville. L’effet d’îlot de chaleur urbain menace la qualité de vie, mais les solutions existent : végétalisation, sols perméables, urbanisme repensé. L’écoquartier Flaubert incarne cette transition, en intégrant dès sa conception une stratégie de rafraîchissement urbain. À travers ses choix d’aménagement, il offre un modèle de résilience locale. Désormais, chaque mètre carré peut contribuer à créer une ville plus fraîche, plus saine et plus durable. Rouen amorce un changement qui pourrait inspirer d’autres métropoles face à l’urgence climatique.

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